Le
Tango est né au bord du Rio de la Plata dans l'espace limité
aux deux villes qui le bordent, Buenos Aires et Montevideo, au seine d'une
population d'immigrés, donc teintée de marginalité.
Il va s'épanouir dans les cabarets où règne la prostitution
et dans les maisons closes de Buenos Aires et de Montevideo.
En 1906, le tango arrive à Paris où il crée un véritable
choc. Il est immédiatement adopté par la société
et cette danse considérée comme exotique va animer, à
la folie, les nuits parisiennes. Depuis Paris, la danse gagne le monde
entier.
La
danse :
A l'instar de la valse développée au XIXème siècle,
le tango est une danse de couple fermé. Mais ici les deux partenaires
dansent étroitement enlacés. L'image du tango se conjugue
donc à celle de la sensualité.
La
musique :
S'il est bien une danse, le tango est également une musique dont
les rythmes sont liés à ceux des musiques et danses locales
: contredanse cubaine, habanera et surtout la milongua qui va imposer
son rythme syncopé.
A partir de 1908 le bandonéon s'impose comme instrument spécifique
des orchestres de tango auxquels il va donner une sonorité plaintive
et sentimentale.
Le Tango chanté apparaît et son âge d'or se situe dans
les années folles, entre 1920 et 1935, période pendant laquelle
il bénéficiera du développement du disque.
Des changements importants vont modifier le tango originel et les plus
pectaculaires seront sans conteste opérés par Astor Piazzola
(1921-1994). Ce bandéoniste exprime clairement le projet de changer
la tradition de la musique de Buenos Aires. Il veut détacher le
tango de la danse, l'autonomiser pour l'élever au niveau de la
"grande musique". De plus, arrivé en France en 1976,
le bandonéoniste Juan Jose Mosalini monte un orchestre de 30 musiciens
autour du conservatoire de Gennevilliers. Compositeur de talent, il s'est
associé à des musiciens de jazz et s'inscrit pour une partie
de son oeuvre dans un nouveau courant de tango-jazz.
La
culture :
Le tango se développe dans les populations d'immigrés et
chaque peuple y apporte un peu de sa culture. En parallèle, très
gai à ses débuts, le tango va acquérir une dimension
désespérée : l'homme éloigné de son
pays éprouve de la nostalgie, il doit faire face aux difficultés
de la vie urbaine.
La pratique du tango va se maintenir avec succès jusq'aux années
1968-1970. Il se dessine alors un déclin des danses de couples
et des bals musette. Après mais 1968, les jeunes, prônant
un modèle unisexe, dansent seuls sur des musiques dépersonnalisées
à deux temps qui utilisent de grands moyens technologiques.
En 1983, le spectacle "Tango Argentino" qui est donné
sur la scène du théâtre du Chatelet à Paris
va faire resurgir cette danse que l'on croyait perdue.
Paris
et Buenos Aires - une histoire d'amour :
Le tango prend son essor depuis Paris où fleurissent le dîner-tango,
le champagne-tango, la matinée-tango, la couleur tango qui est
un orangé vif dont on teignait robes, châles, chapeaux, chaussures,
fauteuils et canapés.
Les portègnes (habitants de Buenos Aires) sont étonnés
et flattés de la reconnaissance de leur danse par "le nombril
du monde", nom qu'ils donnent à Paris. "Buenos Aires
est l'épouse, Paris est la maîtresse" disent-ils depuis
des générations. Cette relation d'amour ne s'est jamais
démentie avec le temps et les poètes argentins y ont puisé
leur inspiration.
Cette complicité entre les deux villes est très forte. Ainsi
que le dit Nardo Zalco dans son livre publié récemment en
1998, "Un siècle de tango : Paris-Buenos Aires" : "Relation
privilégiée entre les deux villes, parce que le tango qui
fut et reste un système d'incorporation , dévore tout sans
cesser d'être le tango, tandis que le nombril du monde dévore
tout l'art de l'humanité sans cesser d'être Paris. Voilà
pourquoi le tango à Paris ne sera jamais le dernier".
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