Flottage des bois

Pendant plusieurs siècles, le flottage des bois pour l'approvisionnement de Paris fut, pour la région de Clamecy, une activité très importante. L'utilisation de l'eau comme moyen de transport est connue depuis des temps immémoriaux. Mais le flottage des bois "de chauffe et de four", c'est-à-dire de bûches de 1,14 m liées ensemble sous forme de trains, est spécifique.
C'est le manque de combustible et la surexploitation des forêts autour de Paris qui est à l'origine de cette industrie.
Au début du XVIème siècle, il fallait amener à Paris des quantités énormes de vois. Le faible niveau des rivières et le réseau routier pratiquement inexistant sont à l'origine de l'idée de réaliser avec les bûches des radeaux de faible tirant d'eau (40 à 60 cm) démontés à leur arrivée à destination. Ce qui évitait la remonte des bateaux vides. Le premier train, dont le concepteur était Charles Lecomte, arriva à Paris le 21 avril 1547.
Jean Rouvet industrialisa le procédé sur les berges de l'Yonne d'armes à Châtel-Censoir.
Afin de transporter de grandes quantités de bois, le réseau hydrologique de la Haute Yonne fut amélioré:
- dégagement du lit des ruisseaux,
- création d'étans le plus en amont possible, voire à la source des ruisseaux.

On combinait des lâchers d'eaux (courrues) avec le jet des bûches amenées au plus près des ruisseaux.
Le bon écoulement des bûches était assuré par des gens en quantité suffisante, armés de "crocs" ou de "picots".
Ces flots étaient arrêtés sur des barrages. Les bûches étaient alors tirées de l'eau, triquées (triées suivant leurs marques) et empilées.
Le marchand qui achetait une "corde" de bois (mesure variable d'environ 4 ou 5 stères) dans le Morvan devait la retrouver sur les ports d'aval. Pour ce faire, il faisait frapper chacune de ses bûches aux deux extrémités sa "marque déposée" (lettre ou sigle) à l'aide de marteaux gravés.
Tout le long du trajet, elles étaient surveillées par des gardes.
Pendant que le flot de bûches passait au niveau d'un moulin, celui-ci ne pouvait fonctionner : il recevait une indemnité de chômage. Les lâchers d'eau étaient rigoureusement chronométrés pour éviter les débordements ou les manques, le bord de tous les ruisseau devait être d'accès libre. Pour régler tous les problèmes, il existait plusieurs "compagnies" dont celle des "Intéressés au flot de la Haute Yonne".
Comme il s'agissait de l'approvisionnement de Paris, seul les tribunaux parisiens étaient compétents.

La construction des trains était très surveillée : la hauteur du radeau était fixée par le responsable de la navigation en fonction des hauteurs d'eau ; la largeur était fixe (4 longueurs de bûches soit légèrement supérieur à 4.60 m) la longueur de 75 à 80 m, suivant le nombre des "coupons". Les piles de bois étaient posées sur des perches de 4 à 5 m, appelées "chantiers" ou traversin", et des branches longues et fines que l'on vrillait pour les défibrer dans le sens de la longueur et qui devenaient alors des "rouettes" liant perches ou "traversins", ou transformées en "coupières" (couplières) pour lier les "coupons".

La combinaison du développement des canaux, des voies ferrées et de l'exploitation du charbon de terre, est la cause principale de déclin du flottage des bois et de sa disparition.